1 mai 2011

Montres Raidillon : 55 au cadran

Raidillon, marque au tempérament sportif, est la digne représentante de la scène Horlogère Belge. Depuis plus de 10 ans, Bernard Julémont et son équipe imaginent des modèles inspirés de la course automobile avec une forte volonté de différenciation. Incursion dans l'univers d'une marque qui pimente les classiques en finesse et en couleurs ... 

Entretien avec Bernard Julémont, CEO de la marque Raidillon :

Pourquoi utiliser le nombre "55" comme emblème de la marque ?

Raidillon est une référence au fameux virage du circuit de Spa-Francorchamps, considéré comme le plus beau circuit du monde par les pilotes. Il est limité à 55 bolides. C’est la raison pour laquelle j’ai limité nos modèles à 55 exemplaires.

Quel-est votre parcours dans la montre ?

J’ai commencé à collectionner les Swatch en séries limitées en 1990, dessinées par des artistes. En 91’, j’ai travaillé comme représentant pour IWC et Porsche Design en Belgique. Après avoir étudié durant 4 ans le marketing le week-end, j’ai imaginé un nouveau concept-store horloger. En 1996, j’ai commencé à importer Dubey & Schaldenbrand. J’ai travaillé un an pour Oris.

Faites-nous un bref historique de la marque :

En 2001, j’ai créé la marque.
En 2003, sponsoring des 24 heures de Spa.
En 2005, le Roi Albert II reçoit une montre Raidillon pour son anniversaire, offerte par le président de la Fédération des Entreprises de Belgique.
En 2005, 250 montres vendues au Japon.
En 2006, ouverture de la boutique Avenue Louise à Bruxelles.
En 2009, déménagement dans la plus vieille galerie d’Europe : la Galerie de la Reine.
En 2010, première participation au Salon de Bâle.



Votre client type, c’est qui ?

Le point commun est l’attrait de la série limitée, de la rareté. Nos clients ne sont pas trop conventionnels, n’ont pas besoin d’être rassurés, ne portent pas des chemises avec des logos ! Ils ont entre 25 et 70 ans. Ils peuvent aimer le design, la course automobile, les montres. Mais ils achètent une Raidillon pour eux-mêmes, pas pour le regard des autres … Ils aiment se faire plaisir.

Votre petit plus face à la concurrence ?

Une véritable exclusivité par le nombre, personnalité par le style. Notre bracelet est fait à la demande du client, sur mesure sans supplément (choix du cuir, de la couture, aéré ou non, longueur, épaisseur) et nous offrons 5 ans de garantie !

Comment se passe la création d’un nouveau modèle ?

Plusieurs fois par an, il nous faut sortir de nouveaux modèles, imaginer de nouveaux cadrans. Avec mes associés, nous décidons des lignes directrices et envoyons à notre fournisseur des croquis ou modifications par rapport aux modèles précédents. C’est un travail en petite équipe.

Quelles sont vos influences, dans la création des modèles ?

Un nouveau modèle peut aller très vite. 2 mois pour les prototypes de cadrans, 3 mois pour la production. Nous pouvons donc être très réactifs en fonction de notre inspiration. Avec la petite série de 55 exemplaires, nous pouvons également prendre des risques !
Nous utilisons les couleurs et pouvons nous inspirer de la couleur de l’été ou celle de l’hiver par exemple !
Nous regardons ce que font les autres plutôt d’un air dégagé. Nous ne voulons pas ressembler à ce qui se fait déjà, même si nous ne réinventons pas la montre !
Nous tenons à garder une personnalité, un univers, reconnaissable par son style.

Quelle est votre stratégie de développement d’ici à deux ans ?

L’export, la sortie de 3 modèles avec complications dont une rattrapante, l’ouverture d’une boutique à Anvers ou Knokke le Zoute. Nous serons présents à New York dans un concept-store de 5 étages dédié au design et aux produits de luxe Belges, qui s’ouvrira en février 2012.

Votre modèle "best seller" ?

Chronographe 38 et 42 mm argentés, avec "55" et aiguilles cuivrés.

Votre marque de horlogère préférée ?

J’aime beaucoup le style sobre allemand : Glashutte, Lange, Nomos, etc. J’aime l’inventivité technique de Urwerk dont je suis le travail depuis 15 ans. Si j’avais les moyens, je m’achèterais une FP Journe, parce qu’il n’y a rien de plus beau. J’adore les anciennes Minerva, ou les chronos Auricoste dont la sobriété est intemporelle et les prix raisonnables. J’aimerais retrouver le chrono Zenith Prime (manuel) et la montre Zénith Elite carrée sur croco vert que je portais il y a 15 ans ...

Le plus beau compliment qu’on vous ait fait à propos de vos montres ?

Je pense que pendant des années, les gens se sentaient obligés de dire qu’elles ressemblaient à telle ou telle marque. Aujourd’hui, le plus beau des compliments, c’est quand j’entends dire qu’elle sont belles et qu’on les reconnait !

La pire critique ?

Critiquer le mouvement. Des pseudo-amateurs snobs méprisent les mouvement d’Eta, alors qu’ils servent de base pour les montres compliquées de la plupart des marques connues ! C’est comme critiquer le moteur de la coccinelle : increvable, il a servi de base à Ferdinand pour créer son moteur Porsche !

Quelle est votre actualité d’ici à fin 2011 ?

Nouvelle gamme "Dames" en diamètre 32 mm pour l’automne !

Vous revenez de Bâle, que retenez-vous de cette édition 2011 ?

Il n’y avait pas de nouvelles tendances. Le come-back du vintage se confirme chez les marques anciennes. En période de crise, elles veulent rassurer et se reposer sur leur passé. Les jeunes marques sont plus inventives et la page du king-size, du destroy et du bling-bling ne sont pas encore tout à fait tournées. On voit quand même le retour des petites tailles mais pas de révolution au niveau style, matériaux, technique, cette année.

Un petit mot pour les lecteurs du Blog Tendances Tocantes ?

Je leur souhaite de rencontrer des acteurs du monde horloger, par exemple les sous-traitants. Quand on baigne dans ce petit monde, on découvre de grandes surprises, souvent décevantes. Il faut faire la part des choses. Une marque de montres peut (faire) raconter n’importe quoi pour son image. Dites-vous bien que lorsque une marque communique à outrance, c’est que les marges sont colossales … demandez-vous alors si vous voulez une montre pour vous ou pour les autres !
Vous l'aurez compris, Raidillon souhaite se faire sa place dans le paysage horloger en misant sur une belle diversité dans sa gamme. On ressent une forte homogénéité de la collection mais l'originalité est bien présente tantôt par l'utilisation de la couleur, par la variété des fonds de cadrans, le style des aiguilles ou la présence de modèles au design plus épuré. 

La marque, qualifiée à ses débuts de simple "assembleur de mouvements", a manifestement "renversée la vapeur" notamment grâce au renouvellement fréquent des modèles édités en série limitée. Les polémiques qui subsistent sur certains forums horlogers ( le "mot de la fin" du CEO leur semble d'ailleurs destiné ...) trouveront peut-être un apaisement par la manipulation de ces modèles qui jouissent d'une bonne finition et qui dégagent une impression de robustesse. Si vous êtes en région Parisienne, passez donc chez Antoine de Macedo tester un ou deux modèles de la marque pour vous faire un avis bien à vous !

De mon côté je remercie Bernard Julémont de s'être prêté au jeu de l'interview et souhaite beaucoup de réussite à la marque et aux futures collections.

R=2/€=Luxe

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Tendances Tocantes / Blog Montres Deesign

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Merci pour ce résumé si bien. Je crois que je vais être de retour ici souvent. Cordialement.

Anonyme a dit…

Intéressant comme reportage. Je trouve tellement dommage de retrouver sur les forums des commentaires désobligeants de pseudo-connaisseurs...

Sébastien a dit…

Le mieux est toujours de se faire sa propre idée. Quel que soit le domaine un forum ne peut remplacer un contact direct avec le produit de son choix.